Tuesday, July 31, 2007

Ici on dessale !

C'est fait, Sarko (ah, celui-là !) a vendu deux centrales à Mu'ammar pour la désalinisation de l'eau de mer ; son exploitation forcenée des aquifères ne lui suffirait-elle pas ? Ou l'eau accumulée depuis une dizaine de milliers d'années commencerait-elle à se tarir ? Quoi qu'il en soit, c'est tout bénef pour Areva et pour la France (léger trémolo dans la voix, un peu comme de Gaulle, pour ceux qui s'en souviennent).

Evidemment, c'est pas la joie des anti-nucléaires qui se trouvent un peu beaucoup bousculés ces derniers temps. Le porte-parole de "Sortir du Nucléaire" était assez véhément ce midi, moins peut-être par rapport au nucléaire lui-même, mais parce qu'on allait fournir la technologie à un dictateur quelque peu dérangé. Il ne m'arrive pas si souvent d'être d'accord avec ce lobby pour que je ne souligne pas combien cette fois c'était le cas.
Mais peu de temps après, le même porte-parole ajoutait : "D'ailleurs, pas besoin de nucléaire pour désaliniser l'eau de mer, l'énergie solaire peut tout aussi bien le faire, et même mieux !". A bien y réfléchir, ça semble plausible, mais un petit calcul on the back of an envelope s'impose.

Voyons, le rayonnement solaire est d'environ 350W/m2, mais ça c'est une moyenne annuelle sur toute la Terre ; le maximum est d'environ 1.000 W/m2, prenons cette valeur pour base de calcul. Mais bien sûr, c'est une valeur atteinte à midi solaire, il faut l'intégrer sur la journée - admettons 12 heures et en gros proportionnel au sinus de l'azimut du soleil. On arrive (en gros) à 7.000 Wh/m2 (c'est très majoré, mais nous restons dans les ordres de grandeur).
Pour amener un litre d'eau à 40° à ébullition, il faut 60 kcal (de 40° à 100°) + 540 kcal (chaleur latente de vaporisation). Ici, j'exagère un peu dans l'autre sens, car on imagine bien qu'une usine moderne recyclerait une partie de cette chaleur latente. Donc, 600 kcal, disons 1 kWh. Sept litres par jour et par mètre carré.

Or, le Great Manmade River fournit 6.500.000 m3 par jour à Tripoli et Benghazi principalement, soit environ 3 millions d'habitants (tous usages confondus - l'agriculture en consomme énormément). Pour remplacer cette source, il faudrait donc une superficie de 1.000.000.000 de m2 si... si le rendement était de 100 %, ce qui est loin d'être le cas, 10 % me semblant plus plausible. Alors 10 milliards de mètres carrés, c'est tout de même un peu grand... environ le tiers de la surface de la Belgique. Pas de problème en revanche pour une centrale d'un gigawatt.

Maintenant, on ne désalinise plus par distillation, on utilise des procédés comme l'osmose inverse qui nécessitent du courant, pas de la chaleur (oui, je sais).

Non, finalement, le porte-parole n'était pas vraiment convaincant.

Tuesday, July 24, 2007

Voulez-vous briller en société ?...

Reconnaissons-le, la plupart d'entre nous ne sont pas des causeurs brillants, de ceux qu'on s'arrache pour les exhiber dans les soirées mondaines intellos afin de rendre Mme Verdurin verdurine de jalousie.
Vous pouvez toujours essayer les Julio-Claudiens, pour voir (si, si, rappelez-vous : césautica clauné(galo), la vieille anti-sèche), mais franchement, j'ai des doutes.

Si vous désirez connaître mon secret, j'accepte enfin de le dévoiler...


PERSONNE NE CONNAIT RIEN AUX CHIFFRES, et pourtant, il en est d'intéressants :

- 1 train de ferroutage rempli à ras bord de camions = l'équivalent de deux minutes de circulation sur l'autoroute du Nord

- une personne prononce entre 8.000 et 20.000 mots par jour

- il y a 200.000 artistes plasticiens en Belgique

- la consommation annuelle mondiale en essence est d'environ 1 milliard de mètres cubes (et à peu près autant pour le gazole)

- le total mondial de la capitalisation boursière est d'environ 40.000 milliards de dollars, et la part des pays émergents (BRIC compris) n'est que de 8%

etc. etc.



Ah, bien sûr, il ne s'agit pas de citer tout en vrac, on vous flanquerait dehors ; non, non, il faut savamment amener le sujet, puis ferrer ! Avec, bien sûr un petit discours bien senti à la clef (oui, tout de même, il faut faire ses devoirs !). Mais l'essentiel est dans le
nombre, crac ! imparable, vous rivez leur clou aux concurrents.


J'ai tout un stock disponible, chiffres et phrases définitives assortis, envoyez-moi une enveloppe avec votre adresse etc.


Vous recevrez une offre chiffrée.

Monday, July 16, 2007

Logiciels libres et Open Source

Oui, c'est bien sympathique, mais...

Tout d'abord (et ça c'est bien connu), ils sont généralement aussi conviviaux que la statue du Commandeur ; conçus le plus souvent par des informaticiens pour des informaticiens, ils se distinguent par une interface graphique d'une très grande austérité - janséniste ou carrément franciscaine. Ne parlons pas des messages d'erreur, Microsoft et d'autres n'ayant à ce point de vue pas grand'chose à leur apporter !


Comme ils se sont pensés en-dehors du système, ils ont adopté des standards certes non-propriétaires, mais parfois obscurs, et l'interopérabilité ne semble pas leur fort. On a parfois l'impression que leur étendard portait "Kill Bill !" pour tout slogan, ce qui est parfois un peu mince.

Pour ce qui est de la maintenance, là, vraiment, bonne chance. L'open source est une excellente idée sur le papier, et même parfois dans la vie courante, disons à l'université ou dans les labos de recherche. Pour ce qui est des administrations publiques, wait and see, mais je ne me plains pas, il faudra engager des informaticiens nombreux et pointus, ou alors recourir à nouveau à l'outsourcing dont on revient pourtant depuis maintenant pas mal d'années.
Et puis... corollaire du point précédent : une nouvelle profession a pris naissance, celle des débogueurs de logiciels libres ; ils recherchent les erreurs qui se nichent dans les recoins, mais, au lieu de publier le patch urbi et orbi, ils se font payer, excipant du fait que leurs recherches méritent salaire. Et, bien sûr, ils se font payer par les gros comptes ; on parle de patches valant entre 10.000 et 25.000 US$ pour des bugs critiques. Ce qui revient à fossoyer toute l'idée des LL&OS.

Attention bien sûr à ne pas jeter le bébé etc., c'est ce mouvement et ses RFC qui a créé le Net (mais les développements récents sont un peu inquiétants), c'est lui aussi qui a forcé (paradoxalement) les majors à adopter de plus en plus de standards internationaux. Mais je tenais à signaler certaines réserves à certains idéologues enthousiastes ; en tant que responsable informatique, je me moque bien de savoir que j'enrichis Bill si mes PC tournent. Et les plus jeunes d'entre nous s'imaginent que c'est ledit Bill qui a inventé le PC...