Thursday, February 22, 2007

La liste de Schindler ou celle de Neelie Kroes ?

Notre fringante Commissaire, oui, celle qu'on avait précédemment voulu clouer au pilori car c'était une businesswoman, Neelie Kroes donc - on peut difficilement nier qu'elle soit indigne d'un de ses célèbres prédécesseurs ; mais en plus dure encore.
Il est vrai que depuis quelques années, les relations entre le Commissaire à la concurrence et le Commissaire aux entreprises étaient médiocres ; comment concilier expansion et taille européenne avec un maintien de concurrence "libre et non faussée" ?
Ces bisbilles semblent enterrées, mais on a par contre déterré la hache de guerre contre les petits rigolos qui s'entendent pour se partager les magots. Près d'un milliard d'euros d'amende, tudieu ! c'est pas rien ! L'article 81 dégouline de sang...
Le malin, là-dedans, c'est Kone, qui a craché le morceau et s'en tire avec la queue entre les pattes mais le portefeuille bien garni. Après tout, il a bénéficié de l'entente et il ne paye pas d'amende ; eh oui, c'est la règle, mais si ce rôle de stoolpigeon n'a pas bonne presse en Europe (enfin, dans une partie de l'Europe), il n'en reste pas moins essentiel dans ce genre d'affaires (whistle-blowers diront d'ailleurs ceux qui en sont convaincus). Notez que le montant de l'amende ne peut dépasser 10% du chiffre d'affaires consolidé ; il ne s'agit pas vraiment de punitive damages destinés à faire crouler une entreprise, ce serait ridicule.
Espérons que ça fera réfléchir certains... par exemple à Charleroi, mais je pourrais tout aussi bien dire Hemelindeput ou Trou-lez-Gruyères
Tout cela est bien beau, mais on aimerait une fin moins abrupte ; Schindler, Otis et ThyssenKrupp vont contester l'amende, iront en Cour de Justice, qui réduira et/ou redistribuera les amendes, puis ils payeront une belle somme qui ira directement dans le budget communautaire : une "victoire citoyenne", n'est-ce pas, Ségolène ?
Et ceux qui ont causé un trou d'un milliard dans la caisse, ils s'en tireront comment ? C'est pas des sous-fifres, ça on ne me le fera pas croire ! Ce sont plus que probablement des gens qui ont pignon sur rue, stock-options et parachutes dorés. Disons plaqués or. Eh bien, il est temps de le faire fonctionner, ce parachute ! J'espère que le prochain CA sera houleux chez ces gens et qu'on va virer ceux qui ont fait perdre tant d'argent aux actionnaires !
Ici non plus, je ne retiens pas mon souffle....

Friday, February 16, 2007

Bruno Rebelle : rebel without a cause ?


Petit addendum à un article que j'avais publié récemment.

En retombant sur quelques documents plus ou moins anciens sur ce sujet (les OGM), je suis retombé sur le classique rapport de l'AFSSA et sur le non moins intéressant rapport du Sénat français sur la Mission d'information sur les enjeux économiques et environnementaux des organismes génétiquement modifiés . Quelque chose en effet me trottait en tête suite à un je ne sais quoi d'actualité...
Bon sang, mais c'est bien sûr (je me répète, je le sais) ! Dans le rapport du Sénat, je retrouve cette perle : "M. Bruno Rebelle, Directeur de Greenpeace France, a déclaré lors du débat sur les essais au champ des 4 et 5 février 2002 : « Pour ma part, je n'ai pas de crainte (...) Nous n'avons pas peur des OGM. Nous sommes seulement convaincus qu'il s'agit d'une mauvaise solution. Les OGM sont peut-être une merveilleuse solution pour un certain type de société. Mais justement, c'est de ce projet de société que nous ne voulons pas". On peut difficilement mieux avouer le caractère idéologique de cette opposition ! On objectera que Greenpeace et les autres ne font pas mystère de cet aspect idéologique, mais on sait bien qu'elle est adressée aux militants bovéeux et autres ; pour ce qui est du grand public, il s'agit avant tout de faire PEUR : frankenfoods...

Monday, February 12, 2007

INLAND EMPIRE

On n'a pas souvent l'occasion de voir des films de David Lynch - pour mémoire, il en a tourné une dizaine en trente ans. Mais à peu près chaque fois on en sort retourné (sauf pour Dune qui était totalement raté, DL n'ayant pas la fibre de l'Heroic Fantasy), et INLAND EMPIRE ne fait que le confirmer.
A la différence de Mulholland Drive - dont on pouvait reconstruire la trame et recréer le cauchemar d'une agonisante - peu d'éléments se laissent appréhender aussi "facilement" ici - c'est le long cauchemar d'un spectateur, inspiré par Lynch démiurge. Oui, bien sûr, on assiste à un temps circulaire et des 9h45 qui reviennent, oui, sans doute, l'histoire (?) ou une partie se déroule dans un flash entre les paroles de Zabriskie, oui, évidemment, axxonn est ce signe habituel à Lynch, purement accidentel mais qui prend une valeur lourde grâce au réalisateur. Comment fait-il pour faire comprendre au spectateur que la scène du bruit de plateau à 9h45 est capitale - enfin, non, pas capitale, disons seulement à coulisses et à ressort ?
C'est un film qu'il faut voir plusieurs fois, comme ses autres ; ou ne pas le voir du tout, je comprends bien, car s'il est superbe et, littéralement, prodigieux, il est aussi prodigieusement malsain et déplaisant, mais il ne fallait pas le voir pour s'en douter !
C'est là qu'on voit tout de même ce qui sépare Lynch de Haneke...

Tuesday, February 6, 2007

Encore le nucléaire


J'entendais tout récemment un porte-parole d'Inter Environnement foudroyer les partisans du nucléaire avec l'argument suivant - fort pertinent, par ailleurs :- l'électricité consommée en Belgique (l'industrielle et celle des ménages) représente environ 24% de l'énergie totale consommée en terme de rejets CO2
- si on réduisait cette consommation de 50% (impossible évidemment de l'annuler totalement), on n'arriverait qu'à une réduction totaled'environ 10%
- 10% c'est très peu, donc on peut faire beaucoup mieux dans d'autres domaines
- CQFD.
Plaisanterie ? Sans doute pas. Mauvaise foi ? Hélas, probablement pas non plus. Alors, quelques réflexions :
- 10%, c'est sans intérêt ? Ah bon, alors qu'on nous dit que chaque goutte compte et qu'on nous exhorte à éteindre tous les stand-by des appareils électriques, ce qui compte pour moins d'UN pour-cent de notre consommation ! Très bon conseil, je l'admets, mais qui ne vaut sans doute que pour une partie de ce qu'on peut faire : coupez tous les chargeurs de GSM et de téléphones portables pour voir... Et le thermostat du chauffage central, il suffira de vous lever demain matin (éteignez aussi le radio-réveil !) à 6 heures pour remettre le chauffage en marche
- s'il n'y avait plus de nucléaire, la production d'électricité augmenterait d'environ 50%, pour passer à au moins 35% de la production totale. On arrive déjà à plus de 20% d'augmentation de rejets équivalents CO2... Pas vraiment avantageux !
- et, bien sûr, on peut faire beaucoup dans d'autres domaines, et également dans la production d'électricité - mais c'est moins simple que certains veulent le dire.

Friday, February 2, 2007

Le principe de précaution ?

Mais enfin, quelqu’un pourrait-il m’expliquer ce qu’est ce “principe de précaution” ? Si ça veut dire “mieux vaut prévenir que guérir”, c’est un lieu commun fatigué, homily truth qui sent sa sagesse de grand’mère du type “je n’ai pas les moyens d’acheter des vêtements bon marché” etc. Et si ça veut dire qu’il faut s’abstenir de toute nouveauté sans avoir prouvé idéologiquement, politiquement, sociologiquement, Rawlsiennement et - de manière accessoire - scientifiquement qu’il n’y aura pas le moindre risque à l’introduire, alors on se dirige droit vers le “back to the trees !” de l’Oncle Vania. Ce n’est certainement pas le type de monde que je désire léguer à MES enfants, un monde de pleutres et de pleurnichards.

Thursday, February 1, 2007

Par contre, la cellulose...

...pourrait faire un monde de différence. En effet, la cellulose (rien d'autre qu'un très long polymère de glucose, pour faire simple) est extraordinairement abondante, ne requiert presque rien comme arrosage ou fumure et que ce qui reste des plantes après qu'on l'en ait extraite - la lignine - est un excellent combustible ; la merveille, donc ! Le hic, c'est qu'elle est très stable et qu'il faut pour la digérer des enzymes qui ne se trouvent pas facilement...
Alors, quoi ? Ben, il faut de l'engineering génétique, tant pour bricoler des espèces extrémophiles, ou en tous cas capables de pousser sur des espaces peu fertiles, que pour fabriquer des enzymes et des levures qui feront leur travail de conversion en éthanol. Certaines estimations optimistes du DOE des USA annoncent la possibilité de couvrir 30% des besoins US en carburant d'ici à 2030. Mouais - j'ai déjà vu ce genre de hype, mais enfin, les possibilités sont là - et plus précisément ici ; à prendre évidemment avec le grain de sel proverbial !