Contemporain de la décolonisation, j'avais cru un peu naïvement à l'époque que tout allait changer, tout allait être bouleversé. Il ne faut pas oublier qu'à l'époque la rhétorique Tiers-Mondiste (en fait, soviétique) avait encore du prestige et de l'attrait pour les jeunes - qui étaient virtuellement tous "progressistes" (être jeune et conservateur, quelle tristesse ! et quel contresens darwinien !).
La déception fut grande. Sans parler des massacres épouvantables de la Partition de 1947 (c'était tout de même bien avant), on assista à la mise en place d'équipes prédatrices et parfaitement incompétentes, généralement camouflées derrière une "expérience de marxisme scientifique" - généralement, mais pas toujours, et l'alignement sur l'Occident n'était certes pas une garantie d'honnêteté !
Simplement, le penchant auto-flagellant des élites occidentales leur faisait dénoncer tout allié corrompu comme une fripouille aux ordres de Washington, tandis que les despotes du bloc opposé étaient parfois vus avec beaucoup de bienveillance (je me souviens d'un professeur de socio à l'ULB, très fier d'avoir reçu l'autobiographie de Kim Il Sung des mains de son auteur et qui l'avait mise en bonne place dans sa bibliothèque. Je précise que cela se passait dans la deuxième moitié des années '70 !).
Cela dit, comme les Amerloques avaient plus de sous que les Popofs, on se mit à compter pas mal de défections, une fois encore accueillies avec des cris de rage par le mêmes intellectuels qui avaient été bien peu sourcilleux sur les exactions précédentes. Ca semblera peut-être outré, mais je certifie qu'il fallut beaucoup de temps avant que certains reconnaissent que les Khmers Rouges y avaient été un peu forts ; et d'ailleurs, Vergès se fait toujours le champion de ce négationnisme.
Mais je m'égare. Mon propos de ce jour est un message d'espoir pour les jeunes générations, un encouragement aux forces vives et fraîches de notre chère Europe. Oui, la vignette ci-dessus représente évidemment l'Inde, pays que je connais un peu, et même un peu plus qu'un peu. Je dirai tout de suite que je n'ai pas eu le coup de bambou pour ce pays, comme tant d'autres l'ont eu et ont tout lâché pour se précipiter dans un Ashram, aux ordres d'un gourou grassouillet et androgyne (il y en a beaucoup, de ces escrocs). J'étais un peu étonné au début de constater l'absence de Coca Cola - étonné et dépité, car c'est un soda que j'aime beaucoup (moins cependant que le Pepsi mais incomparablement plus que le Thumbs Up, qui était alors l'ersatz monopoleur indien du Coca). De même, les corn flakes locaux étaient inconnus de marque et dépourvus de croquant et de goût (et tant pis pour Orwell et ses "disgusting American cereals", j'aime ça et je n'en rougis point). Mais ces points semblaient tellement minuscules face à un pays aussi misérable et complaisant dans la misère - oui, j'avais lu Naipaul, la bête noire du Monde Diplo, et je trouvais qu'il n'en avait pas rajouté.
Cela étant, je ne me faisais pas trop d'illusions : ce n'était pas pour faire échec à l'impérialisme de la firme d'Atlanta qu'on abreuvait les Indiens de sodas substandards, ou qu'on mettait à leur disposition des voitures, des peintures*, des machines-outils etc. de qualité au mieux médiocre. La plus grande démocratie du monde en était toujours à un "non-alignement" soviétophile et à un protectionnisme inusable, lui, et ce plus de trente ans après son indépendance, et alors que tout l'extrême Orient bouillonnait de cette idée toute simple, mais qui allait se révéler payante : Messieurs les industriels, dans trois ans (ou deux, ou cinq, peu importe) on arrête le protectionnisme et on ouvre les frontières ; vois avez ce temps pour vous y préparer.
Oh, bien sûr, ce n'était pas aussi simple ; mais je reste convaincu que ce système non seulement a conduit à un enrichissement sans précédent d'une grande part de l'Asie, mais aussi à son évolution relativement démocratique. Je ne crois pas au libéralisme dans la seule sphère de l'économie, même si c'est un sujet d'intenses discussions.
Bref, car ce billet menace d'être un peu longuet : enfin Manmohan Singh vint. Comm son nom l'indique, MS est Sikh, et lorsqu'il se trouva nommé Ministre des Finances, il appliqua un principe de libéralisme tout simple, analogue à celui que j'ai cité plus haut. "Messieurs les industriels..." etc. Ca ne lui a pas valu que des amitiés en Inde, ou en plus les tensions communalistes étaient toujours vives. Mais il faut voir le résultat, et il est étonnant. Evidemment, le pays a un avantage énorme : ses couches aisées sont anglophones (par ailleurs un anglais délicieux et légèrement vieillot) ; il a par contre un point très noir : ses couches miséreuses sont très nombreuses et analphabètes. Je ne parlerai pas ici du système des castes, on pourrait y revenir un jour. Mais voilà : le pays produit de nombreux ingénieurs très compétents, des artistes de premier plan, d'innombrables films d'un haut niveau de kitschitude, et la nouvelle bourgeoisie consommatrice compte deux ou trois bonnes centaines de millions de gens très Indiens et plus du tout anti-occidentaux. On parle beaucoup de la Chine et de son potentiel, mais beaucoup moins de l'Inde. C'est grand dommage, et je ne le dis certes pas par opposition à la Chine - pays envers lequel je me sens beaucoup d'affinités - mais parce que l'Inde est moins encombrée et donc plus prometteuse, tout au moins à moyen terme.
C'est à vous que je m'adresse, jeunes bataillons assurant la relève de notre chère Europe ! Allez vers l'Est !
Thursday, August 9, 2007
Thursday, August 2, 2007
Antonioni...
Eh oui, Michelangelo Antonioni... Dieu sait que j'ai adoré l'Avventura quand grand adolescent je l'ai vu. Peu importaient les sarcasmes du "méprisable" Audiard (dont le fils est par ailleurs un excellent metteur en scène) : Antoniennui, inespresso lungo etc. Mais quelle révélation c'était ! Et puis, au ciné-club, La Notte, plus tard au ciné Blow-Up, wow ! Désert Rouge, bof... Profession Reporter, aïe, justement, nous étions passé par Illizi, et ça ne marchait pas du tout ! Zabriskie Point, affreux ! Eros, n'en parlons même pas, ce devenait un vieillard libidineux. Et puis, revoyant l'Avventura et Monica Vitti qui prenait un air bête, je me suis dit que j'avais vieilli ; mais sans doute pas autant que le film. L'Eclipse avec son carton final "Ils ne devaient jamais se revoir" (plus ou moins ça), bon dieu que c'était con prévisible... Et puis, le réflexe pavlovien Antonioni-incommunicabilité, la grosse tarte à la crème.
Formalisme, préciosité... oui, mais quel sens de l'image !
Formalisme, préciosité... oui, mais quel sens de l'image !
Wednesday, August 1, 2007
Le four des transes
Oui, c'est très mauvais, et ce n'est sans doute pas original du tout, mais c'est plus fort que moi.
Alors donc, parfaitement d'accord avec Eviv Bulgroz, ce tour de France était le plus chouette de tous. Jusqu'alors, chaque fois que la radio se mettait à me raser avec ce genre de conneries fadaises, je changeais de station ; cette année, je montais le son. Et ce qui suivait était presque chaque jour à se tordre. Les fulminateurs et les excommunicateurs, les moralisateurs et les de-leçons-donneurs se succédaient à un rythme infernal tandis qu'on entendait à l'arrière retentir l'appel aux dopés.
Et le soir, avec toute ma petite famille rassemblée bien sagement autour du grand feu de bois, je racontais les dernières du jour : qui avait été exclu, quel coureur protestant de son innocence et vouant les vilains dopés aux flammes éternelles était passé à la trappe, etc, etc. Et tout mon petit monde de rire aux larmes ! On en aurait presque regardé la TV pour voir la tête de tous ces rigolos !
Vivement juillet 2008, qu'on rigole encore un coup !
Alors donc, parfaitement d'accord avec Eviv Bulgroz, ce tour de France était le plus chouette de tous. Jusqu'alors, chaque fois que la radio se mettait à me raser avec ce genre de conneries fadaises, je changeais de station ; cette année, je montais le son. Et ce qui suivait était presque chaque jour à se tordre. Les fulminateurs et les excommunicateurs, les moralisateurs et les de-leçons-donneurs se succédaient à un rythme infernal tandis qu'on entendait à l'arrière retentir l'appel aux dopés.
Et le soir, avec toute ma petite famille rassemblée bien sagement autour du grand feu de bois, je racontais les dernières du jour : qui avait été exclu, quel coureur protestant de son innocence et vouant les vilains dopés aux flammes éternelles était passé à la trappe, etc, etc. Et tout mon petit monde de rire aux larmes ! On en aurait presque regardé la TV pour voir la tête de tous ces rigolos !
Vivement juillet 2008, qu'on rigole encore un coup !
A bas les "riches" !!!
Lu dans le New Scientist du 28/7/07 (oui, c'est un peu long, mais ça en vaut la peine) :
"Victoria Hurth
Peter Wells
(...) But there is a bigger question over the rich. Usually, talk about wealth and sustainability deals with north-south divides, with rich and poor nations. This grand categorisation obscures the large and growing disparities in wealth within countries and the pan-national, multi-location character of the reinvented and expanding jet-set classes, whose consumption decisions disproportionately affect the environmental future of all populations.
The world's wealthiest people are a rather elusive group, despite their popularisation in published "rich lists". Below them, a much larger and growing cohort of high-net-worth individuals (HNWIs) has emerged - those with assets of over $1 million, excluding their primary home.
In 2005-2006 the number of HNWIs grew by 8.3 per cent to around 9.5 million worldwide and their combined purchasing power grew 11.4 per cent to $37.2 trillion - an average of $4 million each. Though the majority come from traditionally wealthy countries, the highest growth rates are in places such as India, South Korea, China and Russia - where wealth inequalities are also stark.
As wealth and income increase so the consumption of carbon-intensive products such as meat and gas-guzzling cars rises. The wealthy are more likely to take carbon-heavy private jets and to fly more in general, when most of the world's population have no possibility of flying at all. But carbon emissions are only part of the environmental problems associated with concentrated wealth. For example, the wealthy can afford the astronomical prices of products derived from rare species, helping to drive them to extinction. Criticising wealth, its increasingly uneven distribution and consumerism is one of the great taboos of modern society, but given the scale of the environmental crisis we face, it has become an imperative.
It is surprising how little we know about the environmental cost of today's wealthy lifestyles or how sustainable affluent lifestyles might be created, but we can safely say that targeting the consumption and lifestyle habits of these relatively few individuals will bring the largest benefits in terms of progress towards sustainability and social justice.
School of Business and Economics, University of Exeter
BRASS, Cardiff University "
Voilà. Je pensais qu'on appelait des gens possédant un capital d'au moins un million (de dollars ou d'euros, peu importe) des millionnaires, mais non, ce sont des HNWI. Hurth et Wells auraient sans doute préféré un acronyme sonnant mieux, comme BEUARK ou YECCH, mais HNWI n'est pas si mal, ça fait penser aux voyages de Gulliver.
On ne connaît virtuellement rien de ces HNWI, mais ce sont sûrement de grands méchants qui bouffent de la barbaque à chaque instant (de préférence d'animaux en voie d'extinction), qui se déplacent en Hummer et en jets privés.
Tout de même, on en connaît assez pour savoir que - du moins chez nous, en Occident - c'est dans les couches à revenu élevé qu'il y a une sensibilité "écolo" développée, qu'il y a le plus d'adeptes de l'homéopathie et du végétarisme, qu'on fume le moins, qu'on fait le plus de sport, qu'on achète des Toyota Prius, etc.
Mais voilà : c'est en Inde, en Corée, en Chine que ces HNWI se mettent à grouiller, et là, on ne connaît rien de leur mode de vie, sauf qu'il doit être exécrable ; en fait, on devrait tout simplement interdire aux pauvres de devenir riches, surtout si ce sont des étrangers.
Je ne sais pas trop ce que veulent dire Hurth et Wells quand ils parlent de "targeting the lifestyle habits of these relatively few individuals", mais j'avoue que ça me fait un peu froid dans le dos ; faudrait-il que les masses s'en emparent et les liquident physiquement, comme le proposaient nos joyeux maos des années '70 ?
Un ptit dernier avant la route : les vaches émettent du méthane, devenez végétariens. Les rizières émettent du méthane, ne mangez plus de riz.
"Victoria Hurth
Peter Wells
(...) But there is a bigger question over the rich. Usually, talk about wealth and sustainability deals with north-south divides, with rich and poor nations. This grand categorisation obscures the large and growing disparities in wealth within countries and the pan-national, multi-location character of the reinvented and expanding jet-set classes, whose consumption decisions disproportionately affect the environmental future of all populations.
The world's wealthiest people are a rather elusive group, despite their popularisation in published "rich lists". Below them, a much larger and growing cohort of high-net-worth individuals (HNWIs) has emerged - those with assets of over $1 million, excluding their primary home.
In 2005-2006 the number of HNWIs grew by 8.3 per cent to around 9.5 million worldwide and their combined purchasing power grew 11.4 per cent to $37.2 trillion - an average of $4 million each. Though the majority come from traditionally wealthy countries, the highest growth rates are in places such as India, South Korea, China and Russia - where wealth inequalities are also stark.
As wealth and income increase so the consumption of carbon-intensive products such as meat and gas-guzzling cars rises. The wealthy are more likely to take carbon-heavy private jets and to fly more in general, when most of the world's population have no possibility of flying at all. But carbon emissions are only part of the environmental problems associated with concentrated wealth. For example, the wealthy can afford the astronomical prices of products derived from rare species, helping to drive them to extinction. Criticising wealth, its increasingly uneven distribution and consumerism is one of the great taboos of modern society, but given the scale of the environmental crisis we face, it has become an imperative.
It is surprising how little we know about the environmental cost of today's wealthy lifestyles or how sustainable affluent lifestyles might be created, but we can safely say that targeting the consumption and lifestyle habits of these relatively few individuals will bring the largest benefits in terms of progress towards sustainability and social justice.
School of Business and Economics, University of Exeter
BRASS, Cardiff University "
Voilà. Je pensais qu'on appelait des gens possédant un capital d'au moins un million (de dollars ou d'euros, peu importe) des millionnaires, mais non, ce sont des HNWI. Hurth et Wells auraient sans doute préféré un acronyme sonnant mieux, comme BEUARK ou YECCH, mais HNWI n'est pas si mal, ça fait penser aux voyages de Gulliver.
On ne connaît virtuellement rien de ces HNWI, mais ce sont sûrement de grands méchants qui bouffent de la barbaque à chaque instant (de préférence d'animaux en voie d'extinction), qui se déplacent en Hummer et en jets privés.
Tout de même, on en connaît assez pour savoir que - du moins chez nous, en Occident - c'est dans les couches à revenu élevé qu'il y a une sensibilité "écolo" développée, qu'il y a le plus d'adeptes de l'homéopathie et du végétarisme, qu'on fume le moins, qu'on fait le plus de sport, qu'on achète des Toyota Prius, etc.
Mais voilà : c'est en Inde, en Corée, en Chine que ces HNWI se mettent à grouiller, et là, on ne connaît rien de leur mode de vie, sauf qu'il doit être exécrable ; en fait, on devrait tout simplement interdire aux pauvres de devenir riches, surtout si ce sont des étrangers.
Je ne sais pas trop ce que veulent dire Hurth et Wells quand ils parlent de "targeting the lifestyle habits of these relatively few individuals", mais j'avoue que ça me fait un peu froid dans le dos ; faudrait-il que les masses s'en emparent et les liquident physiquement, comme le proposaient nos joyeux maos des années '70 ?
Un ptit dernier avant la route : les vaches émettent du méthane, devenez végétariens. Les rizières émettent du méthane, ne mangez plus de riz.
Tuesday, July 31, 2007
Ici on dessale !
C'est fait, Sarko (ah, celui-là !) a vendu deux centrales à Mu'ammar pour la désalinisation de l'eau de mer ; son exploitation forcenée des aquifères ne lui suffirait-elle pas ? Ou l'eau accumulée depuis une dizaine de milliers d'années commencerait-elle à se tarir ? Quoi qu'il en soit, c'est tout bénef pour Areva et pour la France (léger trémolo dans la voix, un peu comme de Gaulle, pour ceux qui s'en souviennent).
Evidemment, c'est pas la joie des anti-nucléaires qui se trouvent un peu beaucoup bousculés ces derniers temps. Le porte-parole de "Sortir du Nucléaire" était assez véhément ce midi, moins peut-être par rapport au nucléaire lui-même, mais parce qu'on allait fournir la technologie à un dictateur quelque peu dérangé. Il ne m'arrive pas si souvent d'être d'accord avec ce lobby pour que je ne souligne pas combien cette fois c'était le cas.
Mais peu de temps après, le même porte-parole ajoutait : "D'ailleurs, pas besoin de nucléaire pour désaliniser l'eau de mer, l'énergie solaire peut tout aussi bien le faire, et même mieux !". A bien y réfléchir, ça semble plausible, mais un petit calcul on the back of an envelope s'impose.
Voyons, le rayonnement solaire est d'environ 350W/m2, mais ça c'est une moyenne annuelle sur toute la Terre ; le maximum est d'environ 1.000 W/m2, prenons cette valeur pour base de calcul. Mais bien sûr, c'est une valeur atteinte à midi solaire, il faut l'intégrer sur la journée - admettons 12 heures et en gros proportionnel au sinus de l'azimut du soleil. On arrive (en gros) à 7.000 Wh/m2 (c'est très majoré, mais nous restons dans les ordres de grandeur).
Pour amener un litre d'eau à 40° à ébullition, il faut 60 kcal (de 40° à 100°) + 540 kcal (chaleur latente de vaporisation). Ici, j'exagère un peu dans l'autre sens, car on imagine bien qu'une usine moderne recyclerait une partie de cette chaleur latente. Donc, 600 kcal, disons 1 kWh. Sept litres par jour et par mètre carré.
Or, le Great Manmade River fournit 6.500.000 m3 par jour à Tripoli et Benghazi principalement, soit environ 3 millions d'habitants (tous usages confondus - l'agriculture en consomme énormément). Pour remplacer cette source, il faudrait donc une superficie de 1.000.000.000 de m2 si... si le rendement était de 100 %, ce qui est loin d'être le cas, 10 % me semblant plus plausible. Alors 10 milliards de mètres carrés, c'est tout de même un peu grand... environ le tiers de la surface de la Belgique. Pas de problème en revanche pour une centrale d'un gigawatt.
Maintenant, on ne désalinise plus par distillation, on utilise des procédés comme l'osmose inverse qui nécessitent du courant, pas de la chaleur (oui, je sais).
Non, finalement, le porte-parole n'était pas vraiment convaincant.
Evidemment, c'est pas la joie des anti-nucléaires qui se trouvent un peu beaucoup bousculés ces derniers temps. Le porte-parole de "Sortir du Nucléaire" était assez véhément ce midi, moins peut-être par rapport au nucléaire lui-même, mais parce qu'on allait fournir la technologie à un dictateur quelque peu dérangé. Il ne m'arrive pas si souvent d'être d'accord avec ce lobby pour que je ne souligne pas combien cette fois c'était le cas.
Mais peu de temps après, le même porte-parole ajoutait : "D'ailleurs, pas besoin de nucléaire pour désaliniser l'eau de mer, l'énergie solaire peut tout aussi bien le faire, et même mieux !". A bien y réfléchir, ça semble plausible, mais un petit calcul on the back of an envelope s'impose.
Voyons, le rayonnement solaire est d'environ 350W/m2, mais ça c'est une moyenne annuelle sur toute la Terre ; le maximum est d'environ 1.000 W/m2, prenons cette valeur pour base de calcul. Mais bien sûr, c'est une valeur atteinte à midi solaire, il faut l'intégrer sur la journée - admettons 12 heures et en gros proportionnel au sinus de l'azimut du soleil. On arrive (en gros) à 7.000 Wh/m2 (c'est très majoré, mais nous restons dans les ordres de grandeur).
Pour amener un litre d'eau à 40° à ébullition, il faut 60 kcal (de 40° à 100°) + 540 kcal (chaleur latente de vaporisation). Ici, j'exagère un peu dans l'autre sens, car on imagine bien qu'une usine moderne recyclerait une partie de cette chaleur latente. Donc, 600 kcal, disons 1 kWh. Sept litres par jour et par mètre carré.
Or, le Great Manmade River fournit 6.500.000 m3 par jour à Tripoli et Benghazi principalement, soit environ 3 millions d'habitants (tous usages confondus - l'agriculture en consomme énormément). Pour remplacer cette source, il faudrait donc une superficie de 1.000.000.000 de m2 si... si le rendement était de 100 %, ce qui est loin d'être le cas, 10 % me semblant plus plausible. Alors 10 milliards de mètres carrés, c'est tout de même un peu grand... environ le tiers de la surface de la Belgique. Pas de problème en revanche pour une centrale d'un gigawatt.
Maintenant, on ne désalinise plus par distillation, on utilise des procédés comme l'osmose inverse qui nécessitent du courant, pas de la chaleur (oui, je sais).
Non, finalement, le porte-parole n'était pas vraiment convaincant.
Tuesday, July 24, 2007
Voulez-vous briller en société ?...
Reconnaissons-le, la plupart d'entre nous ne sont pas des causeurs brillants, de ceux qu'on s'arrache pour les exhiber dans les soirées mondaines intellos afin de rendre Mme Verdurin verdurine de jalousie.
Vous pouvez toujours essayer les Julio-Claudiens, pour voir (si, si, rappelez-vous : césautica clauné(galo), la vieille anti-sèche), mais franchement, j'ai des doutes.
Si vous désirez connaître mon secret, j'accepte enfin de le dévoiler...
PERSONNE NE CONNAIT RIEN AUX CHIFFRES, et pourtant, il en est d'intéressants :
- 1 train de ferroutage rempli à ras bord de camions = l'équivalent de deux minutes de circulation sur l'autoroute du Nord
- une personne prononce entre 8.000 et 20.000 mots par jour
- il y a 200.000 artistes plasticiens en Belgique
- la consommation annuelle mondiale en essence est d'environ 1 milliard de mètres cubes (et à peu près autant pour le gazole)
- le total mondial de la capitalisation boursière est d'environ 40.000 milliards de dollars, et la part des pays émergents (BRIC compris) n'est que de 8%
etc. etc.
Ah, bien sûr, il ne s'agit pas de citer tout en vrac, on vous flanquerait dehors ; non, non, il faut savamment amener le sujet, puis ferrer ! Avec, bien sûr un petit discours bien senti à la clef (oui, tout de même, il faut faire ses devoirs !). Mais l'essentiel est dans le nombre, crac ! imparable, vous rivez leur clou aux concurrents.
J'ai tout un stock disponible, chiffres et phrases définitives assortis, envoyez-moi une enveloppe avec votre adresse etc.
Vous recevrez une offre chiffrée.
Vous pouvez toujours essayer les Julio-Claudiens, pour voir (si, si, rappelez-vous : césautica clauné(galo), la vieille anti-sèche), mais franchement, j'ai des doutes.
Si vous désirez connaître mon secret, j'accepte enfin de le dévoiler...
PERSONNE NE CONNAIT RIEN AUX CHIFFRES, et pourtant, il en est d'intéressants :
- 1 train de ferroutage rempli à ras bord de camions = l'équivalent de deux minutes de circulation sur l'autoroute du Nord
- une personne prononce entre 8.000 et 20.000 mots par jour
- il y a 200.000 artistes plasticiens en Belgique
- la consommation annuelle mondiale en essence est d'environ 1 milliard de mètres cubes (et à peu près autant pour le gazole)
- le total mondial de la capitalisation boursière est d'environ 40.000 milliards de dollars, et la part des pays émergents (BRIC compris) n'est que de 8%
etc. etc.
Ah, bien sûr, il ne s'agit pas de citer tout en vrac, on vous flanquerait dehors ; non, non, il faut savamment amener le sujet, puis ferrer ! Avec, bien sûr un petit discours bien senti à la clef (oui, tout de même, il faut faire ses devoirs !). Mais l'essentiel est dans le nombre, crac ! imparable, vous rivez leur clou aux concurrents.
J'ai tout un stock disponible, chiffres et phrases définitives assortis, envoyez-moi une enveloppe avec votre adresse etc.
Vous recevrez une offre chiffrée.
Monday, July 16, 2007
Logiciels libres et Open Source
Oui, c'est bien sympathique, mais...
Tout d'abord (et ça c'est bien connu), ils sont généralement aussi conviviaux que la statue du Commandeur ; conçus le plus souvent par des informaticiens pour des informaticiens, ils se distinguent par une interface graphique d'une très grande austérité - janséniste ou carrément franciscaine. Ne parlons pas des messages d'erreur, Microsoft et d'autres n'ayant à ce point de vue pas grand'chose à leur apporter !
Comme ils se sont pensés en-dehors du système, ils ont adopté des standards certes non-propriétaires, mais parfois obscurs, et l'interopérabilité ne semble pas leur fort. On a parfois l'impression que leur étendard portait "Kill Bill !" pour tout slogan, ce qui est parfois un peu mince.
Pour ce qui est de la maintenance, là, vraiment, bonne chance. L'open source est une excellente idée sur le papier, et même parfois dans la vie courante, disons à l'université ou dans les labos de recherche. Pour ce qui est des administrations publiques, wait and see, mais je ne me plains pas, il faudra engager des informaticiens nombreux et pointus, ou alors recourir à nouveau à l'outsourcing dont on revient pourtant depuis maintenant pas mal d'années.
Et puis... corollaire du point précédent : une nouvelle profession a pris naissance, celle des débogueurs de logiciels libres ; ils recherchent les erreurs qui se nichent dans les recoins, mais, au lieu de publier le patch urbi et orbi, ils se font payer, excipant du fait que leurs recherches méritent salaire. Et, bien sûr, ils se font payer par les gros comptes ; on parle de patches valant entre 10.000 et 25.000 US$ pour des bugs critiques. Ce qui revient à fossoyer toute l'idée des LL&OS.
Attention bien sûr à ne pas jeter le bébé etc., c'est ce mouvement et ses RFC qui a créé le Net (mais les développements récents sont un peu inquiétants), c'est lui aussi qui a forcé (paradoxalement) les majors à adopter de plus en plus de standards internationaux. Mais je tenais à signaler certaines réserves à certains idéologues enthousiastes ; en tant que responsable informatique, je me moque bien de savoir que j'enrichis Bill si mes PC tournent. Et les plus jeunes d'entre nous s'imaginent que c'est ledit Bill qui a inventé le PC...
Tout d'abord (et ça c'est bien connu), ils sont généralement aussi conviviaux que la statue du Commandeur ; conçus le plus souvent par des informaticiens pour des informaticiens, ils se distinguent par une interface graphique d'une très grande austérité - janséniste ou carrément franciscaine. Ne parlons pas des messages d'erreur, Microsoft et d'autres n'ayant à ce point de vue pas grand'chose à leur apporter !
Comme ils se sont pensés en-dehors du système, ils ont adopté des standards certes non-propriétaires, mais parfois obscurs, et l'interopérabilité ne semble pas leur fort. On a parfois l'impression que leur étendard portait "Kill Bill !" pour tout slogan, ce qui est parfois un peu mince.
Pour ce qui est de la maintenance, là, vraiment, bonne chance. L'open source est une excellente idée sur le papier, et même parfois dans la vie courante, disons à l'université ou dans les labos de recherche. Pour ce qui est des administrations publiques, wait and see, mais je ne me plains pas, il faudra engager des informaticiens nombreux et pointus, ou alors recourir à nouveau à l'outsourcing dont on revient pourtant depuis maintenant pas mal d'années.
Et puis... corollaire du point précédent : une nouvelle profession a pris naissance, celle des débogueurs de logiciels libres ; ils recherchent les erreurs qui se nichent dans les recoins, mais, au lieu de publier le patch urbi et orbi, ils se font payer, excipant du fait que leurs recherches méritent salaire. Et, bien sûr, ils se font payer par les gros comptes ; on parle de patches valant entre 10.000 et 25.000 US$ pour des bugs critiques. Ce qui revient à fossoyer toute l'idée des LL&OS.
Attention bien sûr à ne pas jeter le bébé etc., c'est ce mouvement et ses RFC qui a créé le Net (mais les développements récents sont un peu inquiétants), c'est lui aussi qui a forcé (paradoxalement) les majors à adopter de plus en plus de standards internationaux. Mais je tenais à signaler certaines réserves à certains idéologues enthousiastes ; en tant que responsable informatique, je me moque bien de savoir que j'enrichis Bill si mes PC tournent. Et les plus jeunes d'entre nous s'imaginent que c'est ledit Bill qui a inventé le PC...
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